L’intrigue du Jardin de cuivre de Simon Vestdijk se situe au début du 20ème siècle dans une petite ville de Frise (Pays-Bas). Cette ville désignée par W*** dans le roman est en fait la ville de Leeuwaarden.
Le kiosque de style néo-Renaissance en forme de demi-lune construit en 1881 est toujours en place dans le Prinsentuin et abrite des niches avec les bustes de Mozart et de Beethoven ainsi que celui de la princesse Wilhelmina.
Le roman débute au moment où à 8 ans, le jeune Nol assiste à une représentation d’un concert sous le kiosque au parc public. L’élément cuivre se réfère non seulement à la couleur des feuilles du jardin à l’automne, mais aussi aux instruments de musique en cuivre. Le cuivre fait aussi référence au nom du chef d’orchestre, Cuperus et à sa fille Trix. Lors d’une chaude journée d’été, Nol et Trix ont spontanément dansé ensemble dans le parc municipal, au son d’une musique frénétique orchestrée par le père de Trix. Ceci a provoqué en Nol une exaltation intense dont le souvenir restera pour lui inoubliable.
[…] le monsieur en habit escaladait la gloriette ; sous des applaudissements qui enflaient à mesure qu’il montait…Il s’était fait un silence total. Presque immédiatement, la musique se déchaîna.
Mon nouvel observatoire me permettait de tout voir du kiosque jusqu’au fond : les vents, instrumentistes graves, dont les efforts congestionnaient les nuques, les cuivres, la grosse caisse, les bois avec flûtes et clarinettes embouchées par de petits hommes ébahis, toute cette fanfare obéissant au doigt et à l’œil aux gestes énergiques de l’homme en habit, qui les excitait à la frénésie. Debout sur une caisse retournée et drapée dans un tapis d’un vert éteint, il se mouvait en tous sens. Fier, très sûr de lui, il brandissait sa baguette ; mais dans son âme avaient élu domicile d’autres forces, bien plus douces : battre la mesure pouvait, s’il le voulait, brusquement se résoudre en une torsion des mains. Du reste, je voyais mal dans ces moments-là, tant la musique avait pris possession, sans réplique, de mes jambes, de mon cerveau, de mon épine dorsale.
Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai appris ce qu’on jouait là : le Stars and Stripes, une marche de Sousa fort éloignée de mériter le mépris, et due à une célébrité oubliée, qui après avoir galvanisé l’Amérique, n’avait pas grand-peine à plaire chez nous. […]
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